"Il n'y a pas de regard sans corps. Dans labOfilm, il n'y a pas de corps sans une caméra qui respire et qui ressent à son côté."
Olga Mesa
Sur scène, deux danseuses, deux caméra fixes et une plus petite qui passe des mains de l'une à celles de l'autre. Ici, la chorégraphie est celle des « corps-opérateurs », concept créé par Olga Mesa et fruit d'un long travail de recherches menées au sein d'ateliers auxquels elle invite des danseurs, des vidéastes, des plasticiens... Ces divers ateliers sont regroupés sous l'appellation « LabOfilm ».
La Lamentation de Blanche-Neige est directement issu de LabOfilm et se situe au croisement du Blanche‐Neige de Robert Walser (texte que l'écrivain définit lui-même comme étant un « dramolet »), et de l’adaptation au cinéma qu’en a fait João César Monteiro en 2000. Cette adaptation est un objet cinématographique paradoxal puisque les images ont disparu et l'on ne voit qu'une projection noire interrompue par un ensemble de plans montrant le texte de Robert Walser.
Pour construire son spectacle, Olga Mesa retiendra l'insolence du texte de Walser au travers de fragments dits ou vidéo-projetés. Elle retiendra la forme de la proposition de Monteiro en couvrant périodiquement d'un voile noir l'une ou l'autre caméra qui, cependant, continue de tourner. Enfin, elle s'appropriera le miroir du conte de Grimm pour créer une rétro-vision : un hors-champ invisible pour le spectateur.
Ainsi, le spectateur assiste à un spectacle mais il perçoit que se trame quelque-chose ailleurs auquel il n'a pas accès. Il voit un ballet que des caméras enregistrent sans que leurs images lui soient retransmises, voit que des corps s'exhibent, se cachent et disparaissent, se déguisent ou se dénudent et se filment. Il sent que ces corps sont comme des victimes, traquées dans une forêt de signes.
Puis, vient la seconde partie du spectacle : tout ce qui a été filmé par les trois caméras, noir compris, est maintenant retransmis sous la forme d'un triptyque vidéo. C'est un tout autre spectacle, et pourtant, c'est aussi le même. Le même spectacle vu sous d'autres angles et qui ne ressemble pas à ce que nous en avions perçu. Un film, pour lequel Marta Rodriguez a été associée pour scénariser les prises de vues. Il a été tourné et monté sous nos yeux mais nous étions incapables d'imaginer à quoi il pourrait bien ressembler.
Dans cette histoire, dans ce spectacle, un doute plane, et nous, comme spectateur, pourrions bien être le vrai assassin de Blanche Neige. La science chorégraphique d'Olga Mesa, inspirée par une pensée quantique, nous emmène loin des rivages connus de la danse contemporaine, pour nous perdre et nous dire, dans un éclat de rire : « tu crois que je voulais te tuer » ?
"Avec La lamentation de Blanche-Neige, je veux connaître la matière réelle des songes ; je veux fabriquer un songe. Je veux me perdre à travers un miroir (non) visible et que le spectateur puisse se regarder dedans, qu'il puisse sentir son propre temps et avoir sa propre vision. Je veux qu'il puisse se rappeler que nous sommes tous des victimes et des bourreaux, des êtres humains perdus, fragiles, abandonnés, mais aussi capables de tuer. Parce qu'à chacun d'entre nous, comme à la Blanche-Neige de Walser, on pourrait demander : “Tu crois que je voulais te tuer?”.Avec cette lamentation, je veux que deviennent visibles, au loin, les différents plans narratifs de notre Blanche-Neige ; celle qui se réveille avec la mémoire de la guerre et de l'enfance en disant : “… plutôt que de voir, je préfère entendre”. Avec elle, je veux aussi mordre dans l'ombre la pomme empoisonnée, je veux sortir du rêve, et qu'ensemble nous retournions à un autre commencement possible."
Olga Mesa
Inspirée du dramolette “Schneewittchen” de Robert WALSER, à partir du film “Brança de Neve” de João César MONTEIRO.
Avec :
Conception, Mise en scène, Chorégraphie: Olga Mesa
Assistante à la Mise en scène, Montage vidéo: Marta Rodríguez
Textes: Robert Walser & Olga Mesa
Dramaturgie et spatialisation des textes: Francisco Ruiz De Infante
Corps Opérateurs: Sara Vaz (Blanche-Neige/Reine), Olga Mesa (Blanche-Neige/Reine)
Création Sonore: Jonathan Merlin
Création Lumière: Christophe Renaud
Régisseur général et re-construction lumière: Ludovic Rivière
Construction de l’espace de tournage: Olga Mesa & Marta Rodríguez
Collaboration costumes: Pierre Boileau
Assistant montage plateau: Coijas
Photographies: Pierre Mercier & Susana Paiva
Citations Sonores : "Toute la mémoire du Monde" de A. Resnais "Branca de Neve" de J. C. Monteiro "La plainte de l'Impératrice" de P. Bausch "Le Cygne" de C. Saint-Saëns "Blues du Diluente" de Guilherme Babosa, Radford & Olga Mesa
Citations des films projetés: “Le Bonheur” de Medvedkin, “La Guerra Filmada” Compilation documentaire de J. Casanova, “Trinity, histoires de la Bombe Atomique” P. Kuran “Azumi” de Ryheu Kitamira, “Sans Soleil” de Chris Marker“Brança de Neve” de J.C.Monteiro
Production et Diffusion
Cie.Olga Mesa/Hors Champ-Fuera de Campo, Strasbourg (Fr)
Off-Limits, Madrid (Es)
Co-production : FRAC Alsace / Sélestat (Fr), Festival Citemor / Montemor-o-Velho (Pt), Pôle-Sud Scène Conventionnée pour la danse et la musique, Strasbourg(Fr), Guimarães 2012 Capitale Européenne de la Culture (Pt), MNCARS, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid (Es)
Soutiens : Agence Culturelle d’Alsace( Fr), Aide à la Création Contemporaine Matadero, Madrid 2009 (Es), AECID / Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (Es), INAEM / Institut National des Arts de la Scène et de la Musique, Madrid 2010 (Es).
Remerciements : Équipe du FRAC Alsace (Fr), Association Autour de la Terre / Centre des Rives (Haute-Marne,Fr), L’ESAD de Strasbourg (Fr), Pierre Mercier/PMP Production (Fr), Jean-Luc Nancy (Fr), Équipe Off-Limits (Es), Equipe du Festival Citemor (Pt), Guillermo Barbosa (Pt), Ziad Chakaroum (ir), Enrique Martínez (Es), Julio Torrecilla (Es), Matias (Ar).
La Cie. Olga Mesa / Hors Champ-Fuera de Campo est subventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication/DRAC Alsace (Fr), le Conseil Régional d’Alsace (Fr), la Ville de Strasbourg (Fr).